Les 400 coups avec M²

J’ai toujours cru que la vie à deux, c’était mieux. Moi à Bordeaux, ma moitié à Paris, ma théorie s’effrite peu à peu.

Fraîchement admise en école de communication, je fais la rencontre de celle que l’on appellera M².M², c’est une fille discrète de prime abord. Mais au fil du temps je découvre celle qui deviendra ma meilleure amie, pince-sans-rire et très intelligente. J’adore.

Des souvenirs avec elle, j’en ai des tonnes. Mais j’en ai un qui vaut de l’or.

Un soir de 2012, alors que ma moitié ne l’était plus vraiment, ma partenaire de fous rires me lance un défi : « Et si on allait dans la boite la plus pourrie de Bordeaux pour tout oublier avec seulement 1€ symbolique ?»

DEAL !

Inutile de préciser qu’avec 1€, on avait mis le paquet sur le mascara et les tenues affriolantes.

Nous voilà donc parties des Chartrons vers le centre-ville avec notre petite pièce dans la poche. Arrivées devant ce qui effectivement était, est et restera le « bar ambiance » le plus nul de l’histoire : LA CALLE OCHO. Rien que le nom m’évoquait l’odeur de testostérone à plein nez. Bingo. On rentre, l’odeur de mâle en rut me donne la gerboulade, mais tant pis, un deal c’est un deal. Je ne lâche pas M².

« Vous êtes en manque les gars ? Pas de problème, payez-moi un verre en échange de mon numéro ! » La blague, j’avais appris par cœur le numéro d’une fille que je détestais et m’en donnais à cœur joie. Ouh les vilaines.

1 Mojito, 2 Mojitos, 3 Mojitos, 4 Mojitos… Cette nuit je sens que Mo gît tôt. QUE NENNI !

Ce soir là le champagne coulait à flot, mais pas pour nous. Accoudées au bar, je regarde mon amie, elle me regarde, on regarde les flûtes de Champagne fraîchement servies… Et puis merde. Personne ne nous regarde, on en descend deux-trois chacune avant de s’enfuir au fond du bar. Ben quoi ? Flûte de vin grand cru, mérite son du ! Parce qu’en plus c’était un vin blanc pétillant, l’arnaque….

Ah. Le fond du bar… Autrement dit la piste de danse.

Un homme s’est avancé vers moi et m’a prise par la taille. A cet instant, je suis Shakira, et M² c’est Beyoncé. On danse comme des folles avec Pierre, Paul, Jacques… Qui sont plutôt Kylian, Bryan et Kévin mais ça c’est un autre débat.

Très vite arrive les 2h du matin, le bar ferme et nous avons cours le lendemain. On sort de ce charmant bar où lorsqu’on ouvre les portes, je pense que de la vapeur s’en échappe tellement les latinos d’un soir se sont défoulés.

Mince, on aurait bien commandé un taxi mais avec 1€ on aurait pas fait beaucoup de chemin. Parce que OUI, on l’avait toujours ce petit euro !

Pas le choix, on marche en zig-zag jusque chez M². Sur le chemin, je culpabilise : j’ai dansé avec des hommes alors que je suis en couple. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Enfin arrivées à destination, nous ouvrons la porte du hall où se trouve un grand miroir.

Je regarde M² qui n’avait rien dit du chemin et la voit exploser de rire. Elle me lâche un « OH LA TRONCHE MO ! » Et là, le choc : mon mascara avait coulé jusque sur mon menton, des larmes et de la buée s’étaient déposées sur mes lunettes et j’avais un bout de menthe entre les dents. SEXY. Je m’esclaffe à mon tour et passe des larmes au rire à ne plus pouvoir m’arrêter.

Arrivées dans l’appartement c’est direct au lit. On se marre : chacune réveille l’autre d’un bond en mimant des crises d’épilepsie. Bref, il est 6h30, le réveil sonne dans 15 minutes.

C’est tel quel que nous sommes allées en cours après bien sûr la douche et les 4 litres d’eau ingurgités pour passer le mal au crâne.

A toi M² , MERCI !